"Habituellement, les Etats-Unis n'entrent pas dans notre zone de production, nous fournissons surtout la France et l'Europe, mais depuis plusieurs mois, la demande américaine est telle que nous avons été appelés en renfort", explique Jean-Paul Relange, directeur de l'usine. La production de "Vache qui rit" destinée aux Etats-Unis atteint désormais 8% de l'activité du site.
L'usine américaine du groupe Bel qui fabrique dans le Kentucky la "Laughing Cow" procède de son côté à une augmentation de ses capacités de production afin de faire face à la demande. Et pour cause : l'augmentation des ventes du fromage à tartiner inventé par le Jurassien Léon Bel en 1921 a atteint 250% aux Etats-Unis entre l'été 2003 et l'été 2004.
Une évolution d'autant plus spectaculaire que la consommation de "Vache qui rit", présente depuis plus de vingt ans sur le marché américain avec son éternel sourire barrant sa bouille rouge, était jusqu'ici "plutôt confidentielle", reconnaît Eric de Poncins, directeur de la stratégie et du développement du groupe Bel. "La courbe des ventes s'est affolée après le lancement de la version "light" du produit, début 2003, suivie de la parution du livre "The South Beach Diet", l'ouvrage d'un diététicien américain qui préconise la consommation de "Vache qui rit" dans le cadre d'un régime alimentaire équilibré", explique M. de Poncins.
Ecrit par un cardiologue de Miami Beach, le Dr Arthur Agatson, "The South Beach Diet" est devenu la dernière bible diététique à la mode aux Etats-Unis où l'ouvrage s'est vendu à plusieurs millions d'exemplaires. Dans ce livre qui préconise une alimentation moins basée sur le décompte des calories que sur la sélection des "bons" sucres et des "bonnes" graisses, plusieurs menus amaigrissants proposés au lecteur intègrent la "Laughing Cow", dont la version "light" affiche un taux de matière grasse de 9%. "On peut aussi penser que la formule des portions convient bien au mode de consommation des Américains friands de snacking", avance M. de Poncins.
Après la forte croissance de 2003/2004, Bel souhaite désormais "stabiliser ce nouveau courant de consommation". "Nous nous méfions des effets de mode: sans doute fallait-il un petit quelque chose pour démarquer ce produit sur un marché américain difficile, il nous faut maintenant l'installer dans la durée", explique-t-on au siège parisien. A Lons-le-Saunier, la mesure est également de mise : "Le marché américain demeure malgré tout très modeste parmi les 90 pays dans lesquels "La Vache qui rit" est implantée. Nous avons "dépanné" l'usine américaine le temps qu'elle adapte ses capacités de production. Cette activité est pour nous provisoire". A moins, évidemment, que la bonne parole du docteur Agatson trouve le même écho hors des frontières américaines. |